Haïti aux Jeux BRICS 2024 : dilemme géopolitique et sportif
Une analyse compréhensive des dimensions socio-politiques, diplomatiques, et sportives au regard de la souveraineté nationale
Mickelson THOMAS
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En 2024, les BRICS — l’alliance de certaines puissances établies et « émergentes » — se préparent à organiser des Jeux Sportifs, en plein milieu de l’année olympique. En effet, dans la foulée de son expansion politique, la confirmation de Vladimir Poutine d’organiser les « JEUX SPORTIFS DES BRICS » à Kazan, du 20 au 23 juin 2024 dans vingt-cinq (25) disciplines sportives, durant l’année des « Jeux Olympiques de Paris », a suscité de nombreuses réactions. La décision du Comité International Olympique d’accorder une réintégration conditionnelle aux athlètes russes et biélorusses, précédemment bannis suite à l’invasion de l’Ukraine, est perçue par la Fédération de Russie comme une manœuvre ambiguë. Cela n’empêche nullement au ministre des Sports russe d’assurer, pince-sans-rire, que ces jeux sont déconnectés de tout contexte politique et d’envisager inviter des équipes nationales. Et si une invitation s’étendait vers Haïti. Quelle serait la position à adopter, sinon la décision à prendre ?
En acceptant de participer à ces joutes sportives innovantes, le pays ne s’exposerait-il pas à un éventuel isolement de ses partenaires historiques, tels que les États-Unis, le Canada et la France ? Tout refus, par ailleurs, ne mettrait-il pas en péril de potentielles collaborations futures avec des puissances émergentes, dans un monde en constante mutation ?
La présente analyse, en réponse à ces deux (2) interrogations majeures, sonde la délicatesse d’une participation potentielle d’Haïti, en évaluant succinctement les retombées socio-politiques, économiques et diplomatiques ainsi que les enjeux intrinsèques au domaine sportif. Car, depuis fort longtemps, la prétendue « neutralité du sport » semble avoir quitté l’arène de « l’idéal de Coubertin » pour celle des réalités tangibles.
IMPLICATIONS SOCIO-POLITIQUES, ECONOMIQUES ET DIPLOMATIQUES
En participant aux Jeux du BRICS, Haïti pourrait voir ses relations diplomatiques évoluer, entraînant des conséquences mixtes sur les plans socio-politique, diplomatique et sportif, qu’il convient d’examiner de manière impartiale. Et pour cause, une réponse positive pourrait:
- Signifier un rapprochement préoccupant avec la Russie et la Chine, créant potentiellement un refroidissement des relations, voire des frictions et des tensions, avec ses partenaires occidentaux comme les États-Unis, le Canada et l’UE. Une telle décision pourrait remettre en cause l’influence historique de ces alliés, entraînant éventuellement des sanctions, surement des restrictions, avec le risque que l’opinion publique et la politique interne soit influencée par les protagonistes.
- Offrir à Haïti de nouvelles opportunités de coopération bilatérale et renforcer ses relations avec les membres du groupe ; encourager des discussions sur des idées innovantes, comme stimuler le développement des infrastructures, la coopération éducative et les échanges culturels, et renforçer les liens et la compréhension mutuelle avec ces nouveaux alliés à travers diverses initiatives. En effet, Haïti saurait désormais qu’il peut se tourner vers une institution autre que la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international (FMI) pour financer des programmes et projets de développement.
- POTENTIELS ENJEUX ET AVANTAGES SPORTIFS
Il est essentiel d’analyser en toute objectivité les enjeux et avantages sportifs liés à un éventuel engagement dans cet événement symbolisant une distance prise avec certains alliés traditionnels et un rapprochement notable avec d’autres. Cette implication d’Haïti dans les Jeux du BRICS pourrait :
- compliquer ses relations sportives avec les États-Unis, notamment en matière de visas et d’accès aux couloirs aériens transitant par les États-Unis. Cela pourrait affecter les échanges d’athlètes dans la tenue de compétitions résultant d’une réduction du soutien sportif américain – s’il en était – entravant de fait la présence des athlètes haïtiens dans les compétitions régionales et mondiales, avec des défis diplomatiques et financiers significatifs.
- contribuer au développement sportif du pays, grâce à l’amélioration des infrastructures, à une meilleure formation des athlètes grâce au souffle nouveau d’un soutien des membres du BRICS. De plus, une telle décision pourrait attirer de nouveaux parrainages et déboucher sur de nouveaux marchés, stimulant ainsi l’économie du pays à travers le sport.
Alors que les BRICS cherchent à consolider leur position sur la scène politique mondiale, toute décision d’Haïti relativement à la participation à ces jeux s’apprécierait à l’aune du fragile équilibre d’un ordre mondial en mutation.
En effet, les puissances avérées et émergentes, dans leurs affrontements, utilisent parfois le sport comme une arme de leur diplomatie. Aussi, en naviguant habilement entre les écueils de ce terrain miné qu’est la « géopolitique du sport », Haïti, ne tient-il pas l’opportunité d’effecteur un choix lui permettant de réaffirmer son indépendance et sa souveraineté à la face du monde comme il l’a fait en 1804?
Mickelson THOMAS
Amant du SPORT